Interview avec Coraline Avenel, une expate française en Allemagne qui vous livre ses conseils pour réussir votre expatriation outre-Rhin. Apprentissage de la langue, recherche d’emploi, intégration, vous saurez tout !
Bonjour Coraline, Merci d’avoir accepté de partager ton témoignage avec nos lecteurs.
Tu es d’origine française et tu vis en Allemagne depuis 2013. Tu es passée par l’apprentissage de la langue allemande, des coutumes allemandes, l’expérience de la recherche d’emploi en Allemagne et tu es aujourd’hui en poste en analyse financière dans une entreprise à Nuremberg.
1. Comment as-tu préparé ton expatriation en Allemagne ? Quelles étaient – avec le recul – les informations indispensables pour un bon démarrage de ta nouvelle vie dans ce pays ?
En 2013, à 24 ans, j’ai fini mes études en contrôle de gestion à l’université Paris Dauphine et je suis venue à Stuttgart pour retrouver mon petit ami allemand. Je n’avais pas de plan en tant que tel pour décrocher mon premier travail.
Pendant mes études, j’ai utilisé différents canaux pour venir en Allemagne : j’ai fait « Au Pair » et un an après, un « Erasmus » à Berlin, et mon stage de Master à Stuttgart. Quand on part en Erasmus ou pour un stage, il y a un certain encadrement. On est accueilli sur place par le service des étudiants internationaux de l’université ou par le département des ressources humaines de l’entreprise. Quand je suis arrivée à Stuttgart pour chercher un travail, mon copain était certes là pour m’épauler, mais j’étais seule. C’était comme faire un saut dans le vide.
Avec le recul, si je pouvais refaire certaines choses, je chercherais des structures d’accompagnement car cela m’a manqué. Dans la région, il y a par exemple:
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les Stammtische de la communauté franco-allemande de Stuttgart
(des Stammtische franco-allemands sont organisés dans plusieurs villes – vous pouvez consulter le lien suivant pour découvrir l’évènement le plus proche de chez vous : https://www.afasp.net/stammtische/)
et indépendamment de la zone géographique,
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les cabinets de recrutement franco-allemands comme EuroRekruter
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ainsi que l’association Emploi Allemagne qui a pour but d’aider les Français en Allemagne dans leur projet d’insertion professionnelle.
2. Quel rôle joue pour toi la maîtrise de la langue allemande dans la recherche d’emploi en Allemagne ? Quelles sont, le cas échéant, tes recommandations ?
Au début de ma recherche d’emploi, mon niveau d’allemand a clairement été un frein. J’ai commencé à apprendre l’allemand en 2010 pour renforcer ma relation avec mon petit copain allemand. Mais c’était quelque chose que je faisais en plus de mes études à Paris, à mon rythme. Mon niveau équivalait à B1/2 en 2013 et je ne me sentais pas capable de passer des entretiens en allemand. Mais il fallait que je fasse avec pour m‘intégrer au plus vite.
Le premier mois de ma recherche, j’ai rencontré tous les cabinets de recrutement du centre-ville de Stuttgart. C’était une erreur de débutant car comme ils n’étaient pas spécialisés sur les profils internationaux, aucun n’a accepté de me recevoir en anglais. Après quelques entretiens en allemand décevants, j’ai compris qu’il fallait que je change de stratégie. Plutôt que d’être en concurrence avec des Allemands pour avoir un CDI, j’ai choisi d’être en concurrence avec des Européens pour obtenir un V.I.E. Cela est nettement plus facile car un niveau d’allemand bilingue n’est pas toujours exigé. Lors de ma recherche, j’ai aussi privilégié une petite ville plutôt qu’une métropole comme Munich ou Hambourg pour augmenter mes chances. Deux mois après, je signais un V.I.E en comptabilité financière avec Airbus Helicopters. Pour apprendre l’allemand vite, partir en Bavière a été un très bon choix car après 4 mois, j’avais fait plus de progrès en allemand qu’en 15 mois à Berlin, où tout le monde parle anglais.
J’ai réussi à décrocher mon stage de Master en 2011 et un V.I.E en 2013 malgré un niveau d’allemand débutant car je m’adressais à des entreprises ayant des politiques internes de diversité. Quand on ne parle pas ou peu l’allemand, cela peut être une piste intéressante à creuser.
3. Comment as-tu organisé ta recherche d’emploi en Allemagne ? Quels étaient les meilleurs outils et pistes pour réussir ?
Comme je viens de le décrire, je n’avais pas une stratégie très aiguisée pour ma première recherche en 2013 et j’avançais à tâtons en testant le marché. En revanche, j’ai beaucoup mieux préparé l‘après-VIE en 2015. Cette fois-ci, j’avais beaucoup plus de cartes en mains.J’avais un réseau d’Allemands de confiance qui ont pu relire mon CV et me faire passer des entretiens d’embauche “blancs”. Leur aide a été très précieuse. Mon niveau d’allemand me permettait aussi de sélectionner les offres d’emploi intéressantes et de préparer rapidement une candidature. Avec les autres V.I.E d’Airbus Helicopters, on échangeait aussi des informations sur nos entretiens d’embauche en cours, les grilles de salaires, les spécificités des contrats de travail en Allemagne… Comme un V.I.E dure maximum deux ans, on voyait la fin du contrat venir et on avait le temps de préparer une candidature de qualité pour décrocher notre premier CDI en Allemagne. Deux ans auparavant, je n’avais ni le réseau, ni le temps et ni le niveau d’allemand.
4. Quels sont selon toi les faux-pas à éviter lors d’une candidature en Allemagne ?
Une bonne candidature comporte des choses universelles comme un CV lisible, une photo professionnelle ou encore un bon argumentaire pour la lettre de motivation. Quand on cherche un travail en tant qu’étranger, il faut garder à l’esprit qu’on passe en plus un test de langue à chaque candidature. Avec la lettre de motivation, on passe l’écrit et avec l’entretien de motivation, l’oral. Faire corriger son allemand par des natifs pour l’écrit est indispensable. Quant à l’oral, une bonne articulation est de rigueur. C’est d’autant plus important d’y penser activement car l’entretien est un exercice qu’on réalise généralement sous pression et cela peut gêner une bonne élocution. Dans le cas où vous perfectionnez toujours votre allemand, c’est rassurant pour l’employeur de mentionner pendant l’entretien qu’on prend un cours d’allemand. Si vous êtes déjà sur place, je recommande les Volkshochschule (VHS). J’ai suivi des cours intensifs à Berlin avec eux et j’ai trouvé les cours de bonne qualité et très abordables pour le prix. Si vous pouvez vous le permettre, le Goethe Institut propose des cours en ligne avec une très bonne pédagogie. J’ai aussi pris un cours chez eux et j’ai trouvé la flexibilité des cours en ligne très appréciable quand on travaille.
5. Aujourd’hui, tu as réussi ton intégration en Allemagne d’un point de vue personnel et professionnel et tu aimerais partager ton savoir-faire pour aider d’autres Français à réussir leur recherche d’emploi en Allemagne. Quel support proposes-tu ?
Je suis en train de construire un accompagnement pour les Français arrivant en Allemagne et qui font face aux difficultés que j’ai rencontrées il y a quelques années. J’aimerais partager ce que j’ai appris et le retransmettre. Je rencontre régulièrement des personnes non germanophones qui ont suivi leur conjoint pour une expatriation ou des étudiants qui font un Erasmus et qui aimeraient prolonger leur séjour avec un stage en Allemagne. Très souvent leur niveau de langue bloque leur intégration sociale et professionnelle. Je sais qu’au tout début, on se sent muet et qu’acheter un pain à la boulangerie peut déjà être un challenge. Prendre un cours d’allemand est indispensable mais à côté de cela, il y a plein de clefs à utiliser pour accélérer son intégration sociale et professionnelle. Par ailleurs, EuroRekruter a publié un article Blog sur une sélection des meilleurs outils pour apprendre l’allemand que je vous conseille de consulter en parallèle. Mon accompagnement s’articule autour des piliers sur lesquels s’appuyer pour dénicher des offres d’emploi pertinentes, y répondre avec une candidature de qualité et aussi pour réussir ses entretiens et les premiers mois de son intégration professionnelle et culturelle. Pour en savoir plus, je vous propose de visiter ma chaîne Youtube Vivre en Allemagne.
Merci beaucoup pour cette interview, Coraline ! Nous apprécions énormément ta motivation pour accompagner les Français à la recherche d’un poste en Allemagne et te souhaitons une bonne continuation de ta carrière franco-allemande.
Chez EuroRekruter, nous poursuivons tous les jours notre objectif principal : rapprocher les candidats et les entreprises en recherche des deux côtés du Rhin et faciliter le recrutement franco-allemand.
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1. CV allemand « Lebenslauf »
2. Le contrat V.I.E.
3. Travailler en Allemagne
4. Etudes de salaire
5. Différences culturelles