Dans le cadre de notre série « Cursus franco-allemands », nous vous présentons les profils de personnes issues de ces cursus et leurs témoignages. Aujourd’hui, découvrez le portrait de Guillaume, étudiant en Sciences politiques appliquées entre Aix-en-Provence et Freiburg-im-Breisgau.
Peux-tu brièvement te présenter ?
Je m’appelle Guillaume, j’ai 22 ans et je suis étudiant en 4ème année du cursus franco-allemand de Sciences Po Aix-en-Provence en partenariat avec l’Albert Ludwigs Universität de Freiburg-im-Breisgau.
Pourquoi avoir choisi des études franco-allemandes et ce cursus spécifiquement ?
Lorsque j’étais très jeune enfant, j’ai habité quelques années à Bonn. Ces années marquent le début de ma longue relation avec l’Allemagne. J’ai ainsi intégré une classe européenne allemande au collège puis au lycée afin de maintenir ce lien. En classe de première, j’ai commencé à m’intéresser sérieusement aux études de type Sciences Po. Et lorsque j’ai eu connaissance des doubles cursus des IEP (les Instituts d’Etudes Politiques ou « Sciences Po ») entre la France et l’Allemagne, j’ai été immédiatement séduit par l’idée de marier les deux projets.
Par ailleurs, j’ai toujours été attaché à la ville de Freiburg que je connais depuis la seconde, grâce à mon correspondant allemand avec lequel nous n’avons jamais cessé les échanges ! Le format académique proposé par ce cursus me semblait particulièrement intéressant. Pour plusieurs raisons. D’une part le fait d’achever mes études avec plusieurs diplômes me semblait réellement valorisant, et d’autre part la structure de mobilité de ce cursus m’apparaît excellente pour tout étudiant francophone désireux de passer du temps à l’étranger. Aussi, je trouvais attirant le fait que les promotions soient relativement réduites (15 Français et 15 Allemands).
Comment se déroule ton cursus exactement ?
Le cursus se déroule en 5 ans. La première année (1A) prend directement place à Freiburg, où les Français sautent alors la tête la première dans le bain linguistique allemand. La deuxième année a lieu à Sciences Po Aix. On y suit les mêmes cours que les étudiants en cursus classique – avec quelques ajustements cependant. La troisième année est assez riche en mobilité. Il s’agit d’effectuer d’abord un stage professionnel de 6 mois à l’étranger (souvent en milieu germanophone mais pas obligatoirement).
L’année se termine ensuite sur les quelques mois qui séparent avril d’août où les étudiants retournent à Freiburg pour la rédaction de leur « Bachelorarbeit » (mémoire de fin de licence). La quatrième année fait directement suite à la 3A puisqu’elle se situe également à Freiburg, pour le premier Master, le master allemand. Enfin, le cursus se termine à Aix-en-Provence pour la cinquième année (5A) où les étudiants ont le choix entre plusieurs Masters 2 de l’IEP, dont certains en alternance.
En tout, il y a 3 années passées à l’étranger dont 2 et demi à Freiburg et 2 en France, à Aix.
As-tu eu le temps pour un job d’étudiant en parallèle de tes études ?
L’emploi du temps à Aix-en-Provence est assez chargé en cours, ce qui rend compliqué un travail parallèle aux études. En revanche, c’est plus aisé à Freiburg. D’une part, le volume horaire hebdomadaire est plutôt faible (entre 10 et 20 heures de cours). Et d’autre part, la ville étant très étudiante (+ de 40 000 étudiants pour 230 000 habitants), les opportunités pour travailler sont nombreuses, y compris à l’Université Albert Ludwig d’ailleurs.
Pour ma part, j’ai travaillé tout au long de la quatrième année dans une boucherie un jour ou deux par semaine.
Un petit conseil : la ville de Freiburg est assez francophone, et il est donc aisé de trouver du monde pour donner quelques cours de français.
As-tu relevé des différences conséquentes entre les deux systèmes français et allemand ? Y’a-t-il eu des chocs culturels ou des surprises ?
Les différences sont perceptibles dès la première année à vrai dire. Le partenaire allemand du cursus est une faculté. A l’instar des facultés françaises, les étudiants disposent d’une très grande autonomie pour agencer et choisir leurs cours (dans la limite du possible bien entendu) et donc leur emploi du temps. Il en résulte une plus grande responsabilité mais aussi une plus grande liberté. Cette autonomie se retrouve aussi au niveau administratif. Les délais d’inscription, de réinscription, de paiement, etc., sont parfois difficiles à assimiler dès la première année, se déroulant directement en Allemagne. C’est ici que l’aide des promotions plus avancées du cursus est plus que souvent la bienvenue. Il a d’ailleurs été mis en place un système de parrainage entre les 4A et les 1A, promotions présentes en même temps à Freiburg.
L’encadrement dans le système français est beaucoup plus présent. Mais c’est une chose agréable en ce qui concerne des échéances importantes, comme la recherche de stage par exemple.
Les cultures académiques diffèrent aussi radicalement en ce qui concerne l’enseignement de la science politique et des matières afférentes. La culture du cours magistral est très importante en France. Elle existe en Allemagne mais en proportion moindre par rapport aux « Seminars » (surtout présents en 3A et 4A). Il s’agit d’une sorte de cours en groupes restreints où la réflexion collective, le dialogue entre le professeur et élèves et les exposés forment la base de l’enseignement.
En dehors de ces cultures administratives et universitaires à la fois similaires et différentes, on retrouve bien entendu les différences culturelles classiques entre la France et l’Allemagne. Et aussi celles qui font différer Freiburg d’Aix-en-Provence. La culture cycliste de Freiburg n’a par exemple rien à voir avec celle d’Aix !
Dans l’ensemble, ces chocs et surprises culturelles font aussi partie de la belle expérience qu’apportent des études binationales. Le double référentiel permet souvent de donner une certaine hauteur de vue sur son propre pays, mais aussi sur le pays partenaire.
Tes universités respectives t’ont-elles accompagné lors de ta recherche de stage ou d’emploi ?
L’administration de Sciences Po Aix est habituée à ce que les étudiants soient en mobilité à l’étranger et fassent des stages au cours de leurs études. Il est mis à disposition des étudiants une base de données importante qui présente les stages déjà effectués par les anciens élèves. C’est également le cas pour présenter des perspectives d’orientation professionnelle à l’issue de la formation. Ainsi, je dirais que l’école met à disposition un certain cadre d’accompagnement. Il va cependant de soi qu’il faut fournir beaucoup de recherches de son côté.
Je n’ai pas vraiment d’expérience similaire avec l’Université de Freiburg car je n’ai pas eu à entreprendre de telles démarches à partir de l’Allemagne.
Comment se déroule le processus d’admission pour ce cursus ?
Il est possible d’intégrer ce cursus à Bac +0, bac +1 et bac +2. Il y a deux voies d’accès : par Sciences Po Aix et par l’Université de Freiburg. Le processus d’admission est différent selon l’institution. Je recommande toutefois le concours de Sciences Po pour les Français.
Au niveau administratif, il faut désormais postuler sur Parcoursup pour les étudiants français. C’est là où le dossier motivé du candidat devra être déposé et sera lu par l’administration du cursus.
Il y a ensuite trois épreuves écrites fortement inspirées du concours commun du Réseau Sciences Po (les 7 IEP régionaux). Une dissertation en « questions contemporaines » en 3 heures de coefficient 3. Une épreuve d’histoire de 2h et de coefficient 3. Et enfin une épreuve d’allemand écrit d’une heure et de coefficient 2.
La spécificité réside dans l’épreuve orale. Elle compte autant que l’écrit comme une épreuve d’admission et ne fait pas suite à une admissibilité. Il s’agit d’un entretien d’un quart d’heure en allemand. Il s’appuie aussi une analyse de texte, préparée au préalable. L’oral est de coefficient 5.
Les quinze premiers candidats sont ensuite retenus en fonction de leur moyenne générale obtenue à l’ensemble des épreuves.
Comment t’imagines-tu ton démarrage sur le marché de travail une fois diplômé ?
Je me vois commencer ma carrière en France mais je n’exclue pas à long terme de travailler dans un pays germanophone, comme l’Autriche par exemple – pays qui m’a beaucoup plu lors de mon stage de 3A.
A l’heure actuelle, je pense plutôt à m’orienter vers des entreprises européennes, où mon profil franco-allemand sera un vrai atout pour la structure.
Peux-tu nous donner quelques exemples réels de fonctions dans l’entreprise que des alumni de ton cursus exercent aujourd’hui ?
L’un des avantages des études de type Sciences Po sont les vastes débouchés possibles. Le caractère franco-allemand du cursus le rend encore plus vrai. De ce fait, après le cursus, on peut travailler dans les affaires européennes, le conseil, la gestion de projet, le lobbying, l’enseignement, la politique naturellement, les ressources humaines, la diplomatie, les relations internationales, le journalisme, etc.
Voici quelques exemples de postes exercés à la sortie de la cinquième année :
- Chef d’équipe de l’équipe stratégique de la KfW (banque de développement)
- Conseiller junior auprès de la GIZ à Berlin
- Chargé de formation pour le Service international de volontariat pour la jeunesse, RDC
- Chargé de programme à la Maison européenne de l’architecture
- Chef de produit à la Deutsche Bahn
- Chargée de mission au secrétariat général et au développement européen d’ARTE
- Conseillère en affaires publiques européennes à Bruxelles
- Associée dans un cabinet de conseil en communication stratégique en Suisse
Tu peux retrouver plus d’informations sur ce cursus et sur la procédure d’admission sur le site de Sciences Po Aix et sur le site de l’Université Franco-Allemande.
Nous avons également interviewé un étudiant allemand du même cursus. Lisez les réponses de Fabian en allemand pour compléter les informations sur ce cursus franco-allemand !