Entretien avec l’association Emploi Allemagne

Sur l'image il y a les photos de trois femmes membres de l'association Emploi Allemagne.

Dans le cadre de notre série « La parole est à vous – Sie haben das Wort » EuroRekruter part à la rencontre de personnes actives sur l’axe France-Allemagne. Dans cette édition, découvrez les portraits de Marie-Julie Jacquemot, Nathalie Pasquier et Anne-Chrystelle Bätz, membres de l’association Emploi Allemagne.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ? Que faites-vous dans la vie ?

  • Marie-Julie Jacquemot
    Je suis politologue, habitant en Allemagne, à Berlin, depuis plus de douze ans. Je travaille dans le milieu de l’éducation supérieure allemand pour des projets européens, plus précisément au niveau de la coopération institutionnelle des universités. J’ai émigré en Allemagne en tant que jeune fille au pair et ai fait mes études en sciences politiques à l’université de Potsdam en allemand et anglais. Je suis engagée en tant que bénévole avec Emploi-Allemagne depuis 2020 et en début 2023, je suis devenue vice-présidente.
  • Nathalie Pasquier
    Je suis coach carrière et sophrologue. J’aide les personnes en situation de stress lié au travail à retrouver calme et confiance en soi pour prendre les bonnes décisions relatives à leur carrière. Je propose ainsi des accompagnements associant
    – la sophrologie: pour favoriser le lâcher-prise, la détente et la prise de recul, permettant aux personnes de retrouver la concentration et la capacité de réflexion
    – le coaching carrière: pour favoriser la recherche de solutions durables et propices aux individus comme aux organisations.
    Je suis dans l’équipe de la visio écoute au sein d’Emploi Allemagne et j’anime des ateliers sur le projet professionnel.
    je suis coach carrière et sophrologue, ainsi que bénévole au sein d’Emploi Allemagne.
  • Anne-Chrystelle Bätz
    Je vis depuis 18 ans en Allemagne (Munich-Berlin). Je mets à disposition depuis plus de 5 ans au sein de l’association Emploi Allemagne, mon expertise issue du développement local et du service public de l’emploi français. Je suis une communicante et une passionnée de développement professionnel et de projets sociaux en Allemagne. Je suis présidente d’Emploi Allemagne depuis 2019.

 

D’où vient votre intérêt pour l’Allemagne ? Comment avez-vous appris l’allemand ?

  • Marie-Julie Jacquemot : L’allemand est ma première langue mais j’ai réellement pu la développer en rencontrant mon mari. J’ai d’abord quitté la France pour être jeune fille au pair, pour apprendre la langue et vivre en Allemagne. Tout a ensuite continué, j’ai suivi des études de sciences politiques à l’université de Potsdam (licence et master) et ai travaillé dans le domaine du Wissenschaftsmanagement et du management de la recherche pour des projets européens.
  • Nathalie Pasquier: j’ai moi aussi fait connaissance de l’Allemagne par amour ! J’ai rencontré ma compagne en 2011, et après 10 ans passés ensemble en France, nous sommes venues nous installer en Allemagne près de nos enfants et petits-enfants. J’avais appris l’allemand en 2ème langue à l’école, mais tout était à refaire à mon arrivée en Allemagne: je prends des cours auprès d’une école de langue.
  • Anne-Chrystelle Bätz : Je suis arrivée par amour en Allemagne en 2004 où j’ai rejoint mon mari allemand. L’allemand était ma première langue vivante au collège, mais j’étais plutôt du type “dernière de ma classe” en allemand. Mon arrivée à Munich n’est pas le meilleur de mes souvenirs au niveau de la langue. J’ai appris l’allemand sur le tas et très concrètement sur les aires de jeux et dans les “Krabbelgruppen” avec mes enfants nés à Munich. J’ai également beaucoup écouté de la musique allemande, notamment les chansons du groupe Rammstein …rires…, je répétais les paroles sans savoir ce qu’elles signifiaient.

 

Pouvez-vous nous présenter brièvement l’association Emploi Allemagne pour laquelle vous travaillez en tant que bénévoles ?

L’association Emploi Allemagne est une association d’utilité publique pour soutenir et accompagner l’épanouissement professionnel des francaises et francais en Allemagne et de celles et ceux qui souhaitent s’y installer. Communiquer, co-créer, former et connecter dans la bienveillance sont nos missions.

 

Selon vous, est-il indispensable de parler allemand pour se sentir à l’aise en Allemagne, spécialement à Berlin ? Et pour s’intégrer professionnellement ?

  • Marie-Julie Jacquemot : Se sentir à l’aise est une sensation très subjective. Personnellement, je ne me sens à l’aise qu’en parlant la langue du pays. Cependant, je connais beaucoup de personnes étrangères habitant Berlin et ne parlant pas ou peu la langue, sans que cela ne les gêne plus que ça. Je pense par contre que l’intégration professionnelle passe de facto par l’apprentissage de la langue du pays où nous vivons: ne pas parler allemand veut aussi dire ne pouvoir s’informer que de manière très limitée sur ses droits en tant qu’employé.e, qu’auto entrepreneur.e, sur les assurances, le chômage etc. Il est bien évidemment possible de parler anglais dans son travail (surtout à Berlin) mais avoir des notions en allemand, comprendre les lettres du Finanzamt et autre.. Cela passe par un apprentissage de la langue.  Il faut aussi reconnaître que la ville de Berlin propose beaucoup de soutien pour les migrant.es en langues étrangères, comme notre partenaire Minor Kontor qui fait un travail formidable au service des migrant.es.
  • Nathalie Pasquier : Pour ma part, je ne conçois pas de vivre dans un pays sans en pratiquer au moins correctement la langue. C’est non seulement indispensable pour être autonome dans sa vie quotidienne (magasins, administrations, médecins et autres), mais c’est aussi nécessaire pour tisser de nouvelles relations et comprendre la culture du pays.

 

Quelles sont les difficultés principales des francophones qui viennent s’installer en Allemagne et cherchent un travail ?

  • Marie-Julie Jacquemot : Je pense que les difficultés auxquelles nous faisons face sont principalement au niveau de la compréhension de la langue, du savoir sur les démarches à faire et les papiers nécessaires ainsi que les différences interculturelles propres à la recherche et l’obtention d’un emploi. À Berlin par exemple, trouver un logement est une étape qui peut être très longue. Or, pour avoir un emploi, il faut être recensé et donc avoir un contrat de bail. De plus, les différences interculturelles comme le CV, la lettre de motivation et le dossier de candidature sont grandes : postuler sans avoir de lettres de recommandations de ses anciens employeurs est un challenge auquel nous faisons face. Les équivalences au niveau des diplômes (il n’y a pas de classes préparatoires ni de grandes écoles en Allemagne) sont des problèmes moindres depuis la réforme de Bologne sur les diplômes universitaires. Les CAP, BTS et autres sont présents ici aussi, il n’y a donc pas trop de problème de ce côté-là. Notre association soutient et oriente les francais.es dans leur recherche d’emploi, notre site internet est une source de liens, manuels et listes utiles à la recherche.
  • Nathalie Pasquier : J’ajouterais à ce qui est déjà dit les difficultés d’ordre administratif, non seulement du fait de la langue, mais aussi dues aux complexités administratives de l’Allemagne, notamment lorsqu’il s’agit de créer une entreprise. Il est à mon sens absolument indispensable de se faire aider par des associations comme Emploi Allemagne pour accomplir les bonnes démarches.
  • Anne-Chrystelle Bätz : En plus des challenges déjà évoqués, je vois notamment le manque de réseau professionnel/personnel en Allemagne qui est une des clés pour faciliter l’accès à l’emploi (notamment trouver des offres d’emploi non répertoriées ou bien les bons réseaux professionnels qui nous correspondent…). Et aussi un des challenges que l’on voit auprès de notre public est le fait d’avoir des difficultés à définir son projet professionnel en Allemagne. L’arrivée en Allemagne peut bouleverser nos repères et aussi on peut avoir des envies de se ré-inventer professionnellement. C’est un travail d’introspection à faire et qui peut prendre du temps pour accéder à un emploi.

 

Que proposez-vous concrètement pour les aider dans leurs démarches ?

Nous proposons trois formats innovants:

  • Les rencontres de l’emploi, nommées “Osons l’emploi”, que nous avons réalisées à Hambourg et Berlin en 2022. Ces rencontres sont l’occasion de mettre en contact des partenaires francophones et germanophones avec des personnes intéressées, de faire des ateliers avec les participant.es et d’organiser des conférences sur les grands thèmes de l’emploi.
  • La visio écoute – c’est un temps de parole et d’échanges de 2 fois 1 heure par visio avec un membre de l’équipe (toutes nos membres ont l’expérience de l’accompagnement et des connaissances sur le thème de l’emploi/activité professionnelle en Allemagne). L’objectif étant de soutenir les bénéficiaires ayant adhéré à l’association dans leurs réflexions et de favoriser leur proactivité dans leurs démarches d’insertion professionnelle.
  • Les 77 minutes d’énergie renouvelable – c’est un moment d’échange mensuel en groupe animé par des coachs franco-allemands. Nos adhérents peuvent partager dans le groupe leurs expériences, leurs ressources et venir chercher de l’inspiration au sujet de leur projet professionnel en Allemagne.

Pour la visio écoute et les 77 minutes d’énergie renouvelable, nous demandons à ce que les personnes soient adhérentes à notre association (les adhésions sont annuelles allant de 15 à 30 € par an) .

Nous partageons également sur nos réseaux sociaux et sur notre site de nombreuses ressources et d’informations pour faciliter la connaissance et la compréhension de l’emploi en Allemagne.

 

Vous pensez à quelque chose que les Français pourraient apprendre des Allemands ? Selon vous, y a-t-il un point en particulier pour lequel la France devrait s’inspirer de son voisin ?

  • Marie-Julie Jacquemot : L’efficacité des rendez-vous professionnels où il y a, d’après mon expérience, un temps très concret pour le travail, et un autre pour le small talk. Nous, les Francais.es, avons plutôt tendance à mélanger un peu les deux.
  • Nathalie Pasquier : Les Allemand.es me renvoient plutôt l’image d’un peuple pragmatique, avec une culture de la négociation très développée. Les Français.es auraient tout à gagner à s’en inspirer pour aller de l’avant.
  • Anne-Chrystelle Bätz : Je pense qu’on pourrait apprendre des Allemand.es leur tendance à déconnecter la vie professionnelle de la vie personnelle.

 

Quels sont les projets d’avenir d’Emploi Allemagne ?

Des cafés de l’emploi à Hambourg aux soirées networking berlinoises, en passant par un développement de notre concept “Osons l’emploi” (qui sont des rencontres franco-allemandes de l’emploi et de l’insertion professionnelle), l’année 2023 s’annonce riche en évènements !

Beitrag teilen

This site is registered on wpml.org as a development site.